La localisation s’est développée et s’est généralisée depuis les années 90 pour devenir un véritable marché avec ses règles et ses codes. Au delà d’un intérêt économique évident pour les éditeurs, adapter une œuvre vidéoludique à la culture d’un marché cible représente avant tout un challenge de taille pour le traducteur. Quels sont les différents modèles, niveaux, et processus de la localisation qui font partie du quotidien du linguiste ?

 

Modèles de localisation

Il existe deux types de modèles de localisation. Le Sim-Ship et le Post-Gold.

Le Sim-Ship est le modèle le plus utilisé pour les productions triple A et les jeux vidéo affichant un certain niveau d’ambition. En effet, ce type de modèle implique une grande organisation et une bonne gestion des coûts. La localisation se fait alors de façon simultanée lors de la sortie internationale du jeu. Généralement le processus de traduction commence lors des 6 derniers mois de développement, ce qui permet au traducteur d’avoir un texte déjà contextualisé afin de proposer la meilleure traduction possible. En ce qui concerne la traduction des audios puis leur enregistrement, le travail commence 4 mois avant la version Gold.

Le modèle Post-Gold est moins cher. La version originale étant déjà disponible sur le marché, ce modèle s’adapte parfaitement aux jeux contenant peu de mot à traduire et possédant une bonne flexibilité quant aux dates de sortie dans les pays cibles.

 

Niveau de localisation

Le niveau de localisation se justifie selon le budget de l’éditeur ou du distributeur, mais aussi selon la nature du jeu. Il est évident qu’une petite application arcade sur téléphone mobile n’affichera pas les mêmes impératifs et les mêmes nécessités qu’une super production de Sony destinée à devenir un system seller.
Que la localisation se fasse par des traducteurs indépendants ou par une agence spécialisée, les prévisions de ventes et le type de jeu sont les deux paramètres justifiant le choix du niveau de traduction. Ainsi certains jeux ne sortiront qu’avec une traduction du manuel, d’autres par exemple ne bénéficieront d’aucune localisation des fichiers audios, conservant ainsi la bande son originale. Notons que le niveau maximum de localisation comprend la traduction de l’interface utilisateur, du texte du jeu, des fichiers audios parlés, des manuels en ligne et des documents imprimés.

 

Processus de localisation

Le processus de localisation se déroule en 7 étapes : la familiarisation, la traduction, l’implémentation, le debug, la validation-production, la production physique et le contenu additionnel.
La première étape s’étale sur quelques semaines maximum. Elle consiste à découvrir les mécaniques du jeu, son univers et son ambiance. Cette étape est souvent sous-estimée chez les petites et moyennes productions pour des raisons de budget et de délais. La seconde étape consiste à proposer une première localisation culturelle et linguistique. S’en suit l’implémentation, autrement dit l’incrustation des traductions dans le code par les programmeurs, et dans l’interface graphique par les designers. Le debug consiste ensuite à tester l’ensemble et rectifier les oublis, les fautes d’orthographe, les débordements, les soucis de cohérence et les éventuels plantages. La validation s’assure qu’aucun bug grave ne vienne polluer l’expérience de jeu et qu’aucune traduction n’induise le joueur en erreur. Cette cinquième étape garantit également le respect de la terminologie de l’éditeur et du hardware. La sixième étape se justifie si le jeu sort en matérialisé.

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La production physique représente encore un pourcentage important des consommateurs, ainsi le packaging comprenant le boîtier et le manuel nécessitent également qu’on leur apporte un soin particulier.

Enfin, de nombreux jeux proposent dorénavant des extensions. Un prolongement de l’expérience du jeu qui normalement demande à toute l’équipe de traducteurs ayant travaillé sur le jeu original de remettre le couvert. L’éditeur fait également appel aux mêmes acteurs pour s’occuper des doublages afin de conserver l’uniformité du produit final.

La localisation de jeu vidéo a su au cours des dernières décennies se professionnaliser pour répondre aux nombreuses contraintes de l’industrie. Combiner rapidité et qualité est une tâche extrêmement délicate et quasi impossible mais qui n’en demeure pas moins le pain quotidien du localisateur vidéoludique.

Rédigé par

Nyah

Blog d'une Geekette aux cheveux changeants, jouant à la console et élevant des dragons dans le Royaume des Septs Couronnes. Ecrivez-moi à cette adresse : stefania.ophiel[at]gmail.com