Réalisé par Clint Eastwood, Sully nous conte l’histoire (vraie) du commandant Sullender, en proie à une enquête menée contre lui suite au crash de son avion sur l’Hudson. Bien que la manoeuvre du pilote permit de sauver les 155 vies à bord, elle n’est guère applaudie par ses supérieurs qui estiment, selon divers simulations et rapports d’ingénieurs, qu’un retour à l’aéroport demeurait bel et bien possible.

Une histoire vraie

Sully n’est pas un film coup de poing. Il ne séduit ni par son suspense, ni par sa force de mise en scène. Le casting est bon mais peine à se justifier ; les rôles sont tout en surface et ont du mal à se démarquer. Tom Hanks joue un homme fatigué, proche de la retraite ; tâchons de séparer l’acteur du personnage, nous l’avons cependant connu plus en forme.

Et pourtant, le spectateur bon public se laissera séduire. Parce que l’intérêt de Sully n’est pas dans sa dimension catastrophe ; l’incident se passe vite, en flash-back, sans gros effet de surprise. L’on connaît l’issue du problème. Ses répercussions, par contre, sont déjà plus floues, et plus inégales. Alors que les médias et la population accueillent Sully en héros – titre dont il se défend, préférant rappeler le rôle essentiel de ses coéquipiers et de l’ensemble des secouristes -, sa hiérarchie semble destinée à le blâmer pour une tragédie qui n’a pourtant pas eu lieu. Sully a sauvé ses passagers, mais il aurait pu ne pas y arriver. En insistant sur le conditionnel plutôt que sur les faits, le système dénoncé par Clint Eastwood fait preuve d’une faille au final bien plus conséquente que celle reconnue sur l’appareil.

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Cette faille, qui vient définir les décisions du système et de sa hiérarchie, c’est bel et bien ce besoin, cette nécessité de trouver un coupable, d’avoir un nom à noircir, pour se montrer impartial malgré le prodige réalisé – et, entre autres, dédouaner le constructeur et alléger les frais d’assurances. Une procédure certes obligatoire mais qui passe clairement le cap de l’abus, en se détournant sans vergogne du facteur humain mais aussi celui de l’urgence, sous risque de causer la perte d’un homme à la carrière jusqu’alors irréprochable. Si le film a donc du mal à sortir de sa zone de confort et manque cruellement d’audace, toute la scène du procès ravira les plus justiciers d’entre nous.

 

Coupable ou héros ?

En conclusion, on peut certes vite s’ennuyer devant Sully, mais le film n’est pas très demandeur ; l’on se laisse facilement porter par l’affaire, et son dénouement téléphoné apporte une typique satisfaction d’un juste retour des choses. Car dans un monde où les injustices se font plus nombreuses que les miracles, il serait mensonger de prétendre que nous n’aimons pas voir au cinéma, au moins une fois, le portrait d’un homme ordinaire aux actes extraordinaires. En somme un bel hommage, à voir une fois.

En salles le 30 novembre 2016.